Níjar, près d'Almería, est une ville du Sud de l'Espagne dotée d'une florissante production de légumes d'hiver qui sont expédiés par camions à travers l'Europe. L'impact environnemental est connu : surexploitation des sols et de l'eau, pollution plastique à grande échelle, pertes de biodiversité, etc.

À Nijar, l'agriculture intensive a atteint un pic de retombées néfastes qui ne trouve son pareil que dans quelques autres régions du monde. Les autorités locales et les entreprises exportatrices (représentées par le principal organisme d'exportateurs COEXPHAL) tentent désespérément, alors même qu'ils n'y arriveront pas, de cacher la vérité sur les dégâts environnementaux et sociaux du système agricole : par exemple, que la plupart des légumes sont produits par des immigrantEs, en provenance du Maroc et des pays subsahariens ou orientaux comme l'Ukraine et la Roumanie, dans des conditions de travail basées sur la précarité, sur des salaires inférieurs au minimum légal, sur l'absence de représentation des travailleurEUSEs, et sur des contrats à la journée ou l'absence de contrats, de sorte que l'agro-industrie peut embaucher et licencier les travailleurEUSEs à sa guise.

Les immigréEs ont du mal à trouver un logement abordable. Les conditions de travail précaires et le manque de logements bon marché et abordables pour les travailleurEUSEs provoquent la prolifération de ce que l'on appelle des chabolas, faites de palettes, de carton et de feuilles de plastique. Ce ne serait pas difficile, étant donné les énormes revenus générés par les exportations de légumes, de construire des appartements bon marché pour les travailleurEUSEs immigréEs, mais cela ne se produit pas et, si c'est le cas, c'est une exception.

Alors que les cabanes chabolas sont généralement petites et bien cachées, à Nijar ce camp s'est grandement étendu, atteignant environ 500 habitantEs. Il y avait une mosquée, plusieurs magasins, cafés, boulangeries, magasins de vêtements, service de taxi... mais cette colonie dérangeait non seulement les autorités locales et l'organisation des exportateurs, mais aussi les organisations touristiques : car on peut voir les bidonvilles depuis la rue en conduisant dans les environs comme, par exemple, font les touristes visitant le parc national de Cabo de Gata, non loin de Níjar ! En outre, il y a un soutien croissant dans la région au parti néofasciste, VOX, et le PSOE, social-démocrate, tente de gagner la sympathie des électeurRICEs qui pourraient aller à VOX.

Un graffiti qui dit : "Le bio à Nijar, c'est de l'exploitation".

Ainsi, le trio mafieux des autorités locales, des organismes d'exportateurs et des organisations touristiques a décidé de détruire les bidonvilles de Níjar. Plusieurs ONG, des organisations de l'Église, et le Syndicat SOC-SAT, unis dans le cadre de l'Association < < Droit au toit > >, ont affronté cet état de fait. Officiellement, les autorités avaient l'intention d'offrir une compensation en construisant des appartements bon marché pour reloger les 500 habitantEs des bidonvilles de Nijar, mais en réalité ces appartements ne sont pas terminés et ne sont même pas suffisants pour reloger touTEs les habitantEs de ces bidonvilles : encore une fois, c'était un mensonge !

Ainsi, dans la matinée du lundi 30, une énorme armée de plusieurs corps de police a encerclé les cabanes et a commencé à détruire toutes les maisons et les installations, mettant le feu à certaines d'entre elles (voir photos). Ce qui s'est passé avec les habitantEs n'est pas clair et beaucoup n'ont certainement pas pu trouver un logement.

Ce qui s'est passé dans le camp de Nijar est une honte pour l'Espagne, une honte pour l'Andalousie, une honte pour un système agraire basé sur l'exploitation des migrantEs et qui accumule insupportablement les crimes sociaux et environnementaux dans le monde entier.

Nous demandons aux entreprises de payer un salaire décent aux travailleurEUSEs, de nous garantir un endroit décent pour vivre, nous demandons aux supermarchés et aux distributeurs de contrôler l'origine des produits, et nous demandons aux consommateurRICEs de préférer les aliments locaux produits par les paysanNEs de leurs communautés.

La Via Campesina exprime sa solidarité avec touTEs les migrantEs expulséEs de la colonie de Níjar et exige des mesures immédiates pour fournir à touTEs les habitantEs des anciennes chabolas de Níjar des logements dignes et abordables !

Signé :

  • Coordination Européenne Via Campesina
  • Confédération paysanne
  • Uniterre
  • Landworkers' Alliance
  • Boerenforum
  • Associazione Rurale Italiana
  • Sindicato Andaluz de Trabajoderes/as
  • Derecho A Techo
  • Sindicato de Obreros del Campo Andalucía